le 5 juillet 2004, Turfan, Km 5265

Mega... station service

Oasis d'Aksou : 50km de peupliers

rivières : de la vraie barbotine
1200km de "billard"

Désert du Taklamakan : zone humide et marécageuses salées

Revenons à ma route, ça et là, il y a des oasis parfois très grandes comme à Aksou où je pédale près de 50 km dans les peupliers. Aucun problème de ravitaillement, ni en eau, ni en nourriture. Il m'arriva de faire 80km sans oasis ni bistrot, sinon, les haltes possibles sont fréquentes et dans les gargotes, je fais le plein d'eau bouillie. Mais il y a mieux, il y a les stations services... Ah! les stations services !! Mais d'abord faut que j'vous cause de la route... sur 1400 km, j'ai roule 1200 km sur un billard de 18m de large sans raccord, tissé en une seule fois, aussi, quand un tronçon est en réfection, y'a pas de demi-voie pour circuler, mais une piste provisoire taillée a coups de scrapers dans le désert... bonjour la poussière. Donc, les Chinois font des routes, ils font aussi des barrières de péage... et des stations services... Mais tout ça , c'est pour quand il y aura des bagnoles, le trafic se limitant aujourd'hui aux camions, aux bus et mini bus, et pi aussi aux cortèges officiels de 4x4 Toyota flambants neufs... Et les stations services, elles sont méga giga, souvent plus de 20 pompes que tu te croirais sur l'A6... et là, 8, 10,12 jeunes gens garçons et filles attendent le chaland qui passe... J'ai même vu 21 pompes (j'ai compté) et a coté de chaque pompe un jeune au garde à vous... Une autre fois, il y avait inauguration de station et les "pompes womans" avaient des écharpes comme les Miss beautés (mais pas le bikini) C'était des "Miss pompe à essence"... une première... Tout ça pour dire que lorsque je fais halte dans une station, je ne suis pas encore descendu de vélo que l'on m'apporte déjà le verre d'eau fraîche de bienvenue. Puis, je m'approvisionne à la fontaine (bonbonne purifiée) réfrigérée. Parfois (liberté de marché… la concurrence rivalise) il y a plusieurs choix à la fontaine, eau, orange, citron (j'ai pas vu bière encore)

Donc, ça y est, le Takla-Makan est derrière moi, 1400 Km de désert qui ne m'ont pas posé de gros problème. Une nuit d'hôtel et 8 bivouacs.
Le Takla-Makan, c'est pas le Sinaï, ni même le Sud Marocain. C'est un désert souvent monotone bien que varié. Pédaler, y'a que ça à faire.
Au début, la route longe des collines argileuses sympathiques mais masquant les sommets enneigés des Tian Shan que l'on aperçoit seulement en arrivant à Aksou, lorsque les montagnes premières s'éloignent.
On traverse ensuite plusieurs fois des zones marécageuses et salées, parfois très vertes et fleuries, comme dans le désert du Karakoum que j'ai traversé au Turkménistan en mai. Le terrain est presque toujours du reg caillouteux souvent recouvert de limon argileux. Les fleuves et rivières sont souvent rouges et épaisses, de la vraie barbotine qui n'empêche pas les gamins de barboter (les spécialistes apprécieront). Mais le sable, celui qui fait les belles dunes sahariennes, ce n'est qu'au milieu de ce bassin du Tarim qu'il y en a, mais là, plus âme qui vive, pas de bistrot, une seule route, 500 bornes sans point d'arrêt... paraît que c'est beau... mais faut pas y aller à vélo...

Ni Hao

Je suis arrivé hier soir 4/07 à Turfan et vous savez, c'était quoi, hier ?... my birthday... et le numéro de ma chambre d'hôtel...407 ça s'invente pas... donc facile à retrouver la chambre... mais après la 4ème bière (62 cl je vous l'ai déjà dit) retrouver l'hôtel fut plus problématique... bourré le Gégé... Faut dire qu'il faisait 44 degrés ici et que l'après midi, mon thermomètre était monté un peu plus haut, taquinant les 48° dans la zone désertique précédant la ville, à 151m sous le niveau de la mer.

contraste : sèchage des abricots et vannage du blé dans les villages et mégapole modernes deplusieurs millions d'habitants (ici Aksou)

Si ici a Turfan, c'est le cagnard, j'ai eu la chance de parcourir ce désert sans voir le mercure passer les 33 degrés et encore ce ne fut que les 2 derniers jours. Le vent, qui me gêna un peu lors des 3 premières étapes et des 3 dernières me permit en revanche de "tailler" 500 bornes en 3 jours, dont 2 fois 175 km avec le compteur taquinant parfois les 40 à l'heure en terrain plat. En revanche, je du m'arrêter un soir plus tôt que prévu, stoppé par le vent de sable... visibilité 100m. Faut alors, mettre le masque. s'asseoir sur le bas cote dos au vent et attendre 1h que ça passe. Un autre soir, après une étape magique poussé généreusement, il ne s'arrêta pas... j'pouvais pas pédaler toute la nuit... alors, fallu monter la guitoune, mais un vent de 80 kmh, ça remue et quand elle fut enfin montée, le bougre tourna m'obligeant à passer 2 heures à l'intérieur, collé à la toile dos au vent pour contrer les rafales et éviter que l'ensemble, mal arrimé sur le sol trop dur d'un fond de carrière, ne s'envole. C'est long 2h plié en deux... alors à la fin j'ai dit et m... advienne que voudra et je suis sorti pique niquer "au grand air" avec un nan et une boite de pâté de cochon. La tempête n'a cessé qu'au matin.

Je suis donc arrivé à Turfan hier au terme d'une étape commencée par un col a 1750m (le désert était entre 1000 et 1100m) puis une descente dans un canyon magnifique, passant par toutes les couleurs de roches possibles. Puis sous les 500m, les parois gauches devinrent d'immenses dunes abruptes, générées par le vent dominant d'ouest , balayant le plateau supérieur. C'est alors que le mercure a commence à monter... et, sorti de cette vallée, c'est un long plateau incliné avec une route droite comme un I qui descend jusqu'au niveau zéro et en dessous, balayée par un vent brûlant. Plus bas, traversant les vignes irriguées (c'est la plus importante activité de l'oasis) , j'avais le sentiment d'être sur une cocotte minute. C'est alors que j'ai bu ma première bière de la journée...

Alors... et les Chinois ? Diras-tu... Ici, c'est la Province Autonome du Xinjiang et la population est Ouïgours, mais aujourd'hui, plus de 50% sont des Chinois Han. Les Ouïgours sont gentils et généreux... On m'a souvent donné de l'eau en route, un jeune m'a même acheté 4 bouteilles de boissons aromatisées, sorte " d'ice-tee ", et on m'a parfois offert le repas. Quant au Chinois... on en reparlera... à Pékin... j'ai pas encore appris à les apprivoiser et moi qui suis un peu " soupe au lait ", le merci " chiéchié " devient souvent... " va chier " (c'est pas beau mais ça soulage)
Ouigours, Huis ou Hans, ce sont tous des joueurs invétérés et pour le jeux il n'y a ni lieu ni heure...

J'ai donc 2 jours supplémentaires d'avance sur mon timing et je vais rester ici quelques jours, faire un peu de tourisme organisé (il y a des sites intéressants alentours, Turfan ayant été jadis un centre bouddhiste important avant sa conversion a l'Islam) mais aussi pour me retaper un peu... la santé va bien, merci, et la forme physique aussi, (j'ai encore des globules en rabe après mon séjour au-dessus de 2500 en Kirghizie) mais il n'y a plus guère de viande autour des os... Je partage une chambre impeccable avec un couple japonais (encore ?) et un écossais et depuis que je voyage, c'est la première fois que j'apprécie réellement la clim. et que je passe plus de temps dans la chambre que dans la rue.
Et tu sais quoi ?... ce matin j'ai fait raser la tête et le menton, remède à la poussière.

Dans une dizaine de jours, après avoir longé la partie occidentale du Gobi je croiserai une première fois la Grande Muraille... c'est sans doute là que je donnerai des nouvelles

Biz a tous et plus etc.
Gégé


Descente vers Turfan... immenses dunes abruptes

Turfan, capitale du raisin sec

Les Chinois : joueurs invétérés,
cartes, echecs, ma-jong, billard
Emin minaret (près de Turfan)
Bezikelik - Grottes aux mille Bouddhas