Dobri Dien, Salam aleikum,

Ici, le russe est encore très utilisé… surtout pour ce qui est administratif, ou encore les pubs et les enseignes, les panneaux officiels et … le métro. Pas simple pour les jeunes ouzbeks, surtout ceux de Boukhara ou de Samarkand, car depuis le début des années 90, le russe n'est plus enseigné dans les écoles, même en seconde langue, leur langue officielle est l'ouzbek et leur langage courant, le tadjik… Boukhara, j'ai aimé. Une vieile ville encore vivante où, bien entendu l'artisanat (bon) et les babioles pour touristes ont remplacé les produits locaux dans les petits bazars de quartier, admirablement restaurés, reléguant à la périphérie, dans la ville soviétique, le grand marché pour les autochtones. C'est là où je suis allé avec Madina et son mari, faire les courses pour le repas du soir : un plov,


cuisinier et plov dans une gargote ouzbèke

mais pas un plov de gargote… un plat délicieux pour lequel chaque produit a été longuement choisi. L'achat du riz n'a pas pris moins d'un quart d'heure… il fallait du riz de Khiva, on goutte, on touche, on négocie le prix… il en sera de même pour les carottes, le bœuf, mais aussi le fromage, les fraises…


marché de Boukara...carottes pour le plov

partie de dominos

Revenons à Boukhara. Un kaouz, bassin ancestral, dans lequel des gamins sautent depuis les dix mètres de haut d'un platane mort, le sol collant sous les semelles, du aux mures blanches ou noires tombées des mûriers qui ombragent la place, et tout autour, des " chai khane " (maisons de thé) et des restaurants d'où s'échappent la fumée acre et graisseuse des grills a chachliks. Dans le parc voisin, les parties d'échecs, de backgammon ou de dominos acharnées sont disputées sur un banc, voir sur un coin de muret. Le décor est presque planté si j'ajoute que cette place est fermée sur 3 cotés par les immenses frontons de mosaïques de 2 madrasas et d'une mosquée.

Mais Boukhara, c'est aussi, l'Ark, la forteresse des souverains à l'entrée de la vieille ville, ce sont aussi les 47 mètres du minaret Kalyan (seul monument épargné par Gengis Khan) entourés d'un ensemble majestueux de mosquées et de madrasas aux coupoles turquoise, et aux entrelacs de céramique des pichtaks (frontons)…


femmes dans les champs de coton et muriers ébranchés

Fallait bien m'en aller, ce que je fis par vent arrière mais sans hisser la grand voile, direction Samarkand en deux longues étapes parmi les cultures et les champs de coton à peine sorti des sillons mais où déjà les femmes s'activent du matin au soir, la pioche a la main.
Ce fut encore et toujours le défilé des mûriers ébranchés bordant la route (faut nourrir le ver à soie) Ce fut aussi le froid qui m'accompagna le second jour, me forçant à enfiler la veste Gore Tex, un vent du Nord ayant ponctué une tempête nocturne. Je n'ai pas eu la pluie, juste quelques gouttes mais les villages traversés avaient manifestement été copieusement arrosés. Un peu avant Samarkand, une zone de collines où pâturent d'immenses troupeaux de vaches, chèvres et moutons, me rappelle ce qu'est une côte… en effet depuis près de mille bornes, mon horizon était plat…


Mosquée Amir Alim Khan et Minaret Kalian

J'ai quitte Samarkand pour rejoindre Tachkent en faisant une petite incursion en territoire Kazakh, l'autoroute traversant une petite enclave du Kazakhstan. Toujours des cultures intensives irriguées, des tracteurs à 3 roues et l'autoroute en béton… Ah ! L'autoroute en béton, j'avais oublié cet épisode sibérien vécu il y a 14 ans… bis répétita… La route est faite de plaques de béton de 5m environ, souvent disjointes, chacune voulant vivre sa vie indépendamment de sa voisine et au détriment du pauvre Gégé qui passe là à vélo… J'eus quand même 25 Km de répit, parcourus à contresens, la voie opposée ayant été localement bitumée.
Et toujours un accueil chaleureux, le repas qui m'est offert parfois, les automobilistes amicaux et les routiers sympas, mais aussi les flics… Oh ! Gentils les flics… mais toujours groupés par dizaine aux postes de contrôle, glandant et bavardant en buvant du thé, alors qu'à cent mètres de là, alignées, courbées sur la houe, patchwork de couleurs vives, 50 femmes grattent les sillons ocres d'un champ de coton… Non, ce n'est pas le résultat d'un Islam décadent, prêché par un Imam lyonnais exalté… ça s'appelle le collectivisme, c'est pour le bien de l'humanité…. Et ça perdure ici.

Le Gour Emir ( le mausolée de Tamerlan) au dôme nervuré éclatant sous le soleil du matin dissimule le seul petit quartier non "soviétisé" de la ville. Je ne peux oublier non plus les mille mètres carrés de feuilles d'or qui recouvrent l'intérieure de la "mosquée dorée" ni la mosquée Bibi Khanym (on prononce Bibi ranoum en raclant le r) qui était la première meuf chinoise de Timur le boiteux et qui pourrait contenir un terrain de foot (la mosquée, pas Bibi)

Samarcande : Le Reghistan

Voici enfin Samarkand… le mythe s'envole…Boukhara a encore une âme, Samarkand n'en a plus…. Visiter Boukhara, c'est dérouler mille ans d'histoire sous ses pieds, Samarkand, ce n'est qu'un ensemble de trésors, posés là, dans une ville soviétique…
Staline avait ordonne la restauration et la sauvegarde des monuments… pour éduquer les masses populaires… alors je m'éduque à défaut de faire un plein d'émotions.
Oh ! Certes, l'ensemble du Reghistan est fabuleux (le plus magistral d'Asie Centrale, disent les guides touristiques et c'est sans doute vrai…) Les coupoles bleu pétrole ou turquoises ponctuent l'horizon depuis la colline ou se dressent les immenses hôtels, Samarkand, Président, Central…


Samarcande : La Mosquée Bibi Khanym

Samarcande : La Mosquée dorée

Je suis donc a Tachkent, la capitale, depuis hier et la chaleur est de retour. La ville est immense, les avenues sont immenses, les parcs publics sont immenses… enfin c'est " popov " à 100%, même le nouveau bazar, abrité du soleil sous une immense coupole. Il y a là encore des tramways bringuebalants et des trolleybus archaïques mais aussi un métro moderne où les flics t'empêchent de faire des photos… Les avenues géantes, ça a des avantages, ici, c'est pas Le Caire… y'a pas d'embouteillage, peu de fumée et on peut foncer à vélo. J'habite pour 11 $ à l'hôtel Lokomotiv, ça s'invente pas, c'est à coté de la gare, 10 étages, et mon balcon donne sur les quais, spectacles garantis… Salle de bain, bureau, télé… ( A Samarkand, pour 10$ j'avais une suite… entrée, salon avec fauteuils et canapé, salle de bain, chambre à 2 lits et 2 balcons… Mais il n'y avait pas de douche dans l'hôtel)

Je ne peux occulter le quelconque mausolée Chah I Zinda… mais l'histoire est sympathique et je vous la narre… Ce mec, Chah I Zinda, était le cousin de Mahomet et un jour, alors qu'il priait, des petits rigolos de l'ancienne secte légale ( les zoroastriens) lui coupèrent la tête… Qu'a cela ne tienne (ou tienne plus) il termine sa prière, tranquille, ramasse sa tête et saute dans un puit voisin… Et tu sais quoi ? … Il y est encore et il y vit toujours, c'est pourquoi le lieu est sacré… Eh ! Rigolez pas, on a bien eu saint Denis, nous…


Rencontre...

Tracteurs à 3 roues
Rencontres...

Tachkent la "soviétique

Demain, je mets le cap Sud-est, direction la plaine du Ferghana et sa grosse chaleur humide, mais pour y arriver, je dois franchir un col à 2300m (et Tachkent est à 400m d'altitude)… puis à partir du 4 juin, je serai en terre kirghize où j'affronterai les cols du Pamir afin de rejoindre la capitale Bichkek… d'où je vous raconterai… peut être … la suite, mais pas avant le 10 juin.

Biz à tous et plus…
Gégé


Tachkent : Hôtel Lokomotiv

28 mai 2004, Tachkent ( Ouzbékistan) -Km 2310