La ville est résolument moderne et bien décidée à pérenniser ce changement.
Les centres commerciaux sont immenses et peuvent dans le luxe rivaliser avec
les galeries des Champs Zélysées.
Un délire de consommation c'est emparé du Chinois (des villes) et par exemple,
une boutique de téléphones portables est l'équivalent en surface d'un magasin
Darty en France...
Au milieu de cela, des îlots calmes, pas encore rasés... les Hutongs, ruelles
étroites et maisons basses, presque les maisons de poupées de Prague, avec
leurs bouquets de verdures, leur vie de rue, les micro-boutiques, les cyclos
taxis, leurs joueurs d'échecs ou de ma-jong. En Chine tout le monde joue et
tout le temps, les vendeurs, boutiquiers, les chauffeurs de taxis, en attendant
le chaland, jouent, que ce soit 8h le matin, midi ou 20h... et le pognon est
sous le tapis... souvent à même le sol... même les jours de pluie...
Et puis il y a les parcs, nombreux, immenses et magnifiques havres de paix
dans cette mégapole...
Coté bouffe, je suis un peu frustré car rares sont les menus bilingues, alors
je choisissais souvent au hasard de la liste, passant sans doute à coté de
choses délicieuses... mais je n'ai pas franchi le pas devant les brochettes
de cigales, scorpions grillés (embrochés vivants par la queue), étoile de
mer et autres chinoiseries...
Coté tourisme, je détaille pas, t'achète un bouquin, ça te fera de la lecture
pour les soirées d'hiver, et tu sauras tout et peut être plus que moi, car
sur les sites touristiques, ils sont radins coté traductions...
Sain bain ou (prononcer : saillin baillinnou)
Ca fait maintenant un mois que je vous ai pas causé... Ca va ? Tout le monde
il a repris le boulot ? Même les vacanciers tardifs ?
Bon. Parlons un peu de Beijing, j'y suis resté 2 semaines ce qui m'a
permis de visiter cool... mais je fis tout de même une centaine de kilomètres
à pieds et sans doute le double en bus et métro...
J'habitais près du 3ème périphérique (un peu comme si j'avais habité
près du A86), à 7km de Tian' Anmen.
La ville est un carré de 15 km de coté ( le 3ème périph, mais il y en a un
4ème...) dans lequel les avenues sont orientées E/O et N/S, eu égard
à la cosmogonie chinoise... et donc l'orientation est aisée... mais
les distances considérables. Une simple correspondance de bus à un
carrefour peut nécessiter 500m de marche à pied...
Le bus !!... Une épopée... Trouver le bon bus et la bonne station relève de
l'exploit. Il faut visualiser les sinogrammes de la destination et sur le
panneau itinéraire de la station de départ, chercher si on retrouve la même
chose... amusant ! non ?
J'étions arrivé sous le soleil, la brume pékinoise fut de rigueur les jours
suivants et le soleil revint le dernier jour saluer mon départ. C'est donc
sous un ciel bleu que j'ai repris la route, direction la Mongolie Intérieure
d'abord, puis la Mongolie (et le Gobi) ensuite. Changement sympathique, après
les 700 bornes de plaine qui ont précédé mon arrivée dans la capitale, je
retrouve les collines d'abord puis la moyenne montagne à Badaling... à 45km
de Beijing.
Badaling, mets ça dans un coin de ta mémoire pour quand c'est que tu viendras
chez les Chinois...
Badaling, le choc... Depuis ma visite à Machu Pichu, je n'avais jamais été
impressionné de la sorte. Pas le même choc émotionnel, mais le genre de truc
où tu restes béat, où tu ne trouves pas les mots pour le décrire. La
GRANDE MURAILLE. Là, ce n'est plus ce muret d'argile que j'ai longé sur 100
km dans le Gansu, à l'autre bout.
Ici, c'est large, c'est haut, c'est fait de briques et de pierres, ça escalade,
ça désescalade, ça fait fi des montagnes escarpées et rocheuses, ça monte
parfois à 45 degrés, ça Tour de garde, ça Tour à feu, ça tourne, ça contourne...
Le site est grandiose verrouillant en trois fois une vallée verdoyante et
boisée... J'y passe la journée... mille mètres de dénivelés à pieds sur des
dalles en pentes ou des escaliers à hautes marches (le lendemain les cuisses
étaient dures).
Il y avait foule (et ce n'était pas dimanche...) et si tu sais pas compter
chinois en arrivant, en repartant, tu sais au moins : Yi, are, san ! un, deux,
trois. C'est la phrase magique qui précède le déclencheur de l'appareil photo...
car les Chinois sont pires que les Japonais... c'est chacun son tour entre
l'objectif et le monument, papa, maman, les moutards, la belle-mère... Et
toi si tu veux cadrer un bon cliché, t'attends...
Une route express passe par cette vallée (heureusement il y a un tunnel sous
le site séculaire), c'est l'itinéraire de Beijing vers le Xinxiang passant
par la Mongolie Intérieure... Mais l'express way, elle est pas finie... Elle
s'arrête à 250 bornes après la capitale, ensuite, la route G110 n'est plus
qu'un amoncellement de camions... des bouchons de 10 à 40km que je
longe sur la bande latérale...
J'ai vu au moins 100km de bouchons... et les mêmes milliers de camions pendant
3 jours.
Les chauffeurs me reconnaissaient et me saluaient.
Lorsque je quitte cet axe, à Jining, le calme revient, de rares véhicules
, voitures et bus, circulent en direction de la frontière Mongole. C'est la
steppe, encore verte. Il commence à faire frais et lors de mon dernier bivouac
chinois, le thermomètre descend à zéro degrés. Les grandes villes ont disparu,
cette province autonome est peu peuplée et de maigres hameaux ponctuent mon
itinéraire.
Le 8 septembre à 7h40 du matin, je suis à la frontière sino-mongole. J'étais
prévenu, on ne passe pas à vélo et encore moins à pieds (de quoi qui zon peur
?) Donc pour 1 petit kilomètre, ma remorque voyagera sur le toit de la cabine
d'un camion et Arthur sera logé sur le timon entre camion et remorque... ça
prends une bonne heure... Enfin, le tampon Mongole est apposé sur mon visa,
et là, re belote... les 4 km jusqu'au 1er village... "by car only". C'est
donc en jeep que j'arrive aux portes du Gobi. Il est 11h30...
Un rapide repas resto puis, je suis de suite dans l'ambiance... les 700 bornes
de Gobi sont là, devant moi, la piste de sable, de pierre et de "tôle ondulée"
commence dès la sortie du village...
Le Gobi... y'en a un qui serait mieux placé que moi pour vous le raconter...
c'est le joufflu qui était sur la selle, en première ligne si je puis dire.
Lui, il pourrait t'expliquer les effets de la "tôle ondulée" sur l'anatomie
du cycliste, car si j'étais souvent debout sur les pédales, faut bien se rasseoir
de temps à autre.
Il te raconterait aussi les atterrissages brutaux lors des plantages dans
les "bacs à sable" car c'est encore lui qui encaissait... Mais il te dirait
aussi que le soir au bivouac, il avait seul, droit à l'eau fraîche et à la
savonnette avant d'être oint délicatement de pommade magique...
Je l'ai pourtant entendu... se plaindre de la nourriture... nouilles rapides
chinoises tous les soirs (j'aime ça) alors qu'en Mongolie, on aurait du goûter
au chameau, au cheval et même à la marmotte...
Le Gobi, c'est physique, les cuisses bossent dur sur les longs passages sablonneux,
quant au bras et aux épaules, ils sont sollicites du matin au soir.
Le Gobi ! J'ai aimé, la steppe d'abord maigre, rarement le sol à nu, puis
une steppe herbeuse et fleurie ondulant sous le vent (qui m'a toujours aidé,
enfin ! )
J'ai aimé les bivouacs au parfum de thym sauvage, les troupeaux de chameaux,
de chevaux sauvages, les souris kangourous à la longue queue touffue noire
et blanche, cible des aigles et autres rapaces majestueux.
J'ai même aimé le frisson devant les crotales aux écailles scintillantes
(enfin des serpents dans le désert). J'ai aimé ces cavaliers sortis de nulle
part, l'urga sous le bras.
J'ai aimé les yourtes, taches blanches dans cette immensité verte.
Jamais je n'ai connu l'ennui, absorbé en permanence par le pilotage. Coté
piste, t'as le choix, 3 ou 4 pistes sinuent à quelques kilomètres les unes
des autres, se regroupant parfois au détour d'une colline. A partir de la
mi-parcours, les pistes suivent la voie ferrée du Trans-mongolien et il y
a des stations tous les 20/25 km. On y trouve de l'eau et ... des magasins
(prononcer magazine)... qui se limitent en réalité souvent à 2 ou 3 étagères
dans la maison d'un particulier et sur lesquelles il y a moins de chose que
dans le placard à provisions d'un RMiste... Mais bon, quelques biscuits de
soldats et un ersatz de chocolat, ça épaissit un peu le thé du matin...
La tente (remontée dans la chambre) a séché, le Gégé est réchauffé,
propre et rasé tout neuf, il a mangé les boudz (gros raviolis au mouton) il
a bu le davstaï tsaï (thé au lait salé) Le soleil est revenu (pas la chaleur)...
Demain sera un autre jour.
Dans 5 ou 6 jours je reprends la route pour la dernière longueur, 1000km de
steppe jusqu'a Irkoutsk... Alors RV vers le 6 octobre...
Biz à tous et plus etc.
Gégé
Et puis à l'aube du 6ème jour, j'ai croisé Edward
( www.2wheels.org.uk) sujet de sa gracieuse majesté (!)
à la barbe rousse magnifiquement bouclée.
Il m'apporte la bonne nouvelle... 150 km de route neuve précédent Oulan Baator...
Lui commence à peine la mauvaise piste et déjà il a un porte bagage cassé...
Pas de chance l'Edward, près d'Oulan Baator, on lui a volé son vélo... la
nuit... à cheval... au lasso ( non je déconne pas) arrachant un morceau de
la tente à laquelle il avait l'habitude de l'attacher...
Le neuvième jour, je suis sorti du Gobi par un col à 1750m, aidé par un vent
violent ...
De l'autre coté, j'ai monté la tente à 25 km de la capitale qui au loin, était
sous la pluie... Une heure plus tard l'orage me rejoignait... Pas de problème,
Gégé était au chaud sous la plume, attendant que ça passe. Un peu avant l'aube,
éprouvant un besoin naturel, je voulu sortu... que nenni... Est-ce le vent
qui oppose tant de résistance à l'auvent ?... et ben non ! C'est une congère
de 50cm de neige accumulée par le blizzard... Alors, Gégé... pipi dans la
bouteille... on avisera quand y fera jour...
Galère, car la neige, c'est pas un problème, j'avais envisagé la chose...
mais le blizzard qui, à 80 kmh, engouffre la neige sous la tente à chaque
fois que j'ouvre la toile... c'est pas drôle. Je n'ai pas plié la tente, ai
tout mis en vrac dans un sac et me suis mis en route, les pieds gelés, à 8km/h...
en descente...
Aussi, quand la camionnette s'est arrêtée et m'a invité... j'ai pas dit non
! Sympas, ils m'ont emmené jusque dans un petit hôtel de la capitale, où,
le temps que je visite la chambre, ils avaient monté vélo et remorque.