10 octobre Suez


Salam aleikum, good morning, bonjour,

Me voici à Suez pour la troisième fois, après une boucle de plus de 700 kilomètres autour et dans le Delta.
J'ai donc passé deux jours cool au Caire et récupéré mon copain Claude.
Nous avons quitté la capitale égyptienne tôt le matin, pour éviter le flot de circulation, mais en contrepartie, l'absence de vent au lever du jour nous a gratifiés d'un copieux smog…

 


Nous avions décidé de rejoindre le Wadi Natrun, une vallée fertile à mi-chemin d'Alexandrie, par la "Desert Road". En réalité, cette autoroute est désormais bordée de cultures et plantations, résultants d'une irrigation moderne.
Nous avons franchi le péage sous les "welcome in Egypte". Il est bon de préciser que, parfois, on peut rencontrer un véhicule en sens inverse. Traverser l'autoroute n'est pas non plus un problème. J'ai moi-même roulé à contresens, la bande d'arrêt d'urgence y étant de meilleure qualité.
Le vent n'étant toujours pas décidé jouer dans notre camp, nous avons bivouaqué un peu avant les monastères, but de ce détour. Bivouac magnifique dans les palmiers au pied d'une dune.
Nous avons limité le côté touristique à un seul monastère - les autres étant semblables - et le petit moine copte qui a guidé notre visite (sans réclamer la moindre tune) était fort intéressant et sympathique. Il rêvait d'aller… en Allemagne… en vélo (pourquoi en Allemagne ?)

Le second bivouac fut long à trouver, la suite de cette "Desert Road" étant bordée de cultures irriguées…

Alexandrie (Clo-Clo n'est pas né ici, mais à Ismaïlia) est une ville… de 3 millions d'habitants… l'hiver et de 7 millions l'été et qui s'étire sur 20 kilomètres de côtes - baptisée El Kornish - bien que la route soit en bord de mer et ponctuée de plages.

 


C'est le Nice Egyptien… belles madames au foulard Hermès et plus rarement noires vêtues et "complètement bâchée", grandes avenues, boutiques rutilantes et bien achalandées, mais aussi des souks, des quartiers pauvres et un port où s'aligne des centaines de petites embarcations toutes personalisées par un élément pictural original…

Nous rejoignons ensuite Rashid (Rosette pour les francophones), là où qu'ils ont trouvé la fameuse pierre qui permit au Champollion de passer à la postérité.
En chemin, nous passons à quelques kilomètres d'Abou Kir… Je vous rafraîchis la mémoire : c'est là que Nelson a un peu cabossé la flotte du petit Caporal.

D'Abou Kir à Rosette, c'est l'autoroute. Peu de trafic, mais des palmiers, des milliers de palmiers, des millions même sûrement, trente kilomètres de palmeraie, produisant des dates énormes et délicieuses lorsqu'elles sont noires (les Egyptiens les mangent rouges), et sous les palmiers, d'autres arbres fruitiers, des agrumes, des mangues… un paradis ponctué de temps à autre par une dune dorée.

Nous quittons le bord de mer pour rentrer dans le Delta, après avoir traversé le bras gauche du Nil par le bac (mais il y a maintenant un pont immense) Les routes sont parfois "rurales", c'est à dire que dans les villages, elles sont parfois un peu sinistrées… mais dans l'ensemble le réseau routier est de bonne qualité.

Désormais, on côtoie les charrettes et les bourricots, j'ai même fait la course (plus de 30 à l'heure) avec une charrette tirée par un petit cheval que son maître avait lancé au galop lorsque je l'ai dépassé…
Dans les rizières, la récolte bat son plein, on coupe à la main et on bat le blé de même. Mais les faucheuses mécaniques commencent à apparaître, ainsi que les batteuses, muent par une courroie reliée au tracteur, comme en France dans les années 50.
Les anciennes norias, désormais rouillées et ensablées, sommeillent pour l'éternité à coté des pompes diesels, crachant les milliers de mètres cubes nécessaires à l'alimentation des rigoles. Les ânes ou les zébus tirent la houe dans les champs détrempés.
En un mot : ça bosse dur.

Kafr El Cheik : Tu peux chercher dans les guides, tu trouveras pas et pourtant cette ville compte trois millions d'âmes. C'est au milieu du Delta, un "Governorate de région" qu'ils disent, une sorte de préfecture… On y trouve un funduk… j'ose pas dire hôtel… car c'était à peine le niveau d'un squat à Belleville… mais, bon, la chambre était grande…
Quant aux murs, plafond, couloir et sanitaire, on peut pas raconter alors on a fait des photos… en revanche pas la moindre petite bête à l'exception de quelques moustiques.
10 balles le prix de la piaule…


Le soir, comme partout, la vie de rue est animée et les belles dames s’entassent chez les bijoutiers. Nous, le soir en ville, on a une vie simple : repas frugal, glace à la mangue, thé… Mais ce soir là, au restau, on s'est mal compris … entre fifteen et fifty… mais surtout, ce que l'on avait commandé pour 2 avait été perçu par le garçon pour 1, malgré une longue discussion… Résultat, 5 ou 600 grammes de viande chacun, du riz des frites et une kyrielle de mezdés - petits plats sympathiques et délicieux - et au bout du compte une addition de… 70 francs… pour deux. Au fait c'est combien la cantine maintenant ?


Retour à la mer, Damiette, là encore, 2 millions de personnes et un centre ville ou on ne saurait compter les bijoutiers et les boutiques de fringues et de godasses… ni les mosquées… mais là aussi, y'a une banlieue…

Port Saïd, la mer, bien sûr, mais le canal aussi, celui qu'on dit de Suez va savoir pourquoi (si vous avez la réponse, ça m'intéresse) Belle ville où là encore, une influence coloniale se fait sentir… larges avenues où les taxis peuvent se défouler, le piéton étant astreint à une vie de toréador, sous l'œil impuissant (ou tolérant) des représentants de l’ordre...
Nous traversons le canal par le bac, organisé en navettes ininterrompues, pour aller "jeter un œil" à Port Fouad, le pendant rive droite de Port Saïd. En fin d'après midi, ballade sur la promenade aménagée le long du canal… Les cargos défilent et prennent rang pour la descente du canal (12 heures de nuit, la montée se faisant de jour)
Depuis Alexandrie, les touristes semblent absents… quant à nous, le fait de décliner "faransaoui" à l'interrogation sur notre identité, déclenche la levée des pouces, assortie d'exclamations exubérantes… Chirac good, very good… résultat de l’opposition française à la guerre d’Irak. Y doute de rien ces Egyptiens... ( j'aurais peut-être dû emmener un T-shirt à son effigie…)
Après Port Saïd, la route plonge plein sud, le long du canal… Enfin le vent qui nous aide. L'autoroute suit le canal, et nous suivons les bateaux. Ah ! On ne va guère plus vite qu'eux ( en nœuds, je sais pas… mais en système métrique il avance à 20 à l'heure pile poil) Au kilomètre 56, une ville, El Quantara, mais aussi, l'autoroute qui s'éloigne du canal. Sur la carte, une route secondaire continue, nous la cherchons, la trouvons et l'empruntons… Génial ! Les bateaux à côté de nous…
Check point, on nous laisse passer, 2ème, 3ème check point, on nous demande nos passeports… 4ème check point… il y a là un mec avec des galons dorés sur les épaulettes. Comment t'appelles ça ? Ah! Oui, un gradé… : Passports… where do you go ?… “ Impossible, this is military road…”
Je discute, fais valoir notre bon droit puisqu'on nous a laissé venir jusque là. Pas d'issue possible, alors sans y croire bien sur, je réclame qu'on nous ramène en véhicule au point de départ (10 bornes) puisqu'ils sont en quelques sorte responsable du temps qu'ils nous font perdre… Ca n'a même pas fait rire le gradé et nous avons donc dû faire demi-tour. Tu vois la logique : t'as pas le droit d'être là, mais on te fait remonter sur ta bécane et le canal est de nouveau à toi pour dix bornes… avec photos en sus…
Nous étions à Ismaïlia en milieu d'après midi hier et avons pris possession d'une chambre avec salle de bain à la Youth Hostel, un ensemble nickel avec plage privée au bord du lac traversé par le canal…
C'est dans cette ville que le père Ferdinand a habité tout le temps qu'il a fait creuser le canal (au fait, qui c'est qui piochait ?) et c'est là qu'est né, je vous en ai déjà causé, notre Clo-Clo national (les Claudettes, je sais pas) et je vais vous faire un aveu, j'ai pas zété voir sa maison.
Enfin, aujourd'hui, encore joyeusement poussés par le vent (et ça devrait durer jusqu'à Hurgada) nous avons bouclé vite fait les 90 kilomètres entre Ismaïlia et Suez, mais cette fois par la Grande route, bordée dans sa partie désertique (les 50 derniers Km) par une multitude de casernes militaires (c'est pas un pléonasme, ça ?).
En entrant dans la ville, des jeunes à motos ont chahuté un peu, et le Claude a été tâter le bitume. Pas de mal, un peu de vernis enlevé au coude et au genou…
J'ai retrouvé le Star hôtel, et on s'est "offert" une chambre double avec salle de bain et balcon pour la modique somme de 4 Euros 50. Y'a aussi la télé… mais avec beaucoup de neige…
Côté climat, nous retrouvons un peu de chaleur, très modérée, après les soirées fraîches de bord de mer. Bon, ça fait bientôt 2 plombes que je tapote ce clavier QWERTY… aussi, vais-je aller me sustenter…

Bises à tous et plus etc.
Gégé

Le Caire... Le Nil... la Tour de la Télévision...
The Desert Road...autoroute... pub omniprésente sur 200km
Waddi Natrum... bivouac fort sympatique
Monastère copte Amba Bishoi dans le Wadi Natrun, bati au 4ème siècle.
Alexandrie, le fort du Sultan Qaytbay fut bati à la fin du 15ème à l'emplacement de la septième merveille du monde : Le Phare
acrobates : élagueurs de palmiers... à Alexandrie
Alexandrie : Mosquée Abou El Abbas
D'Alexandrie à Rosette : des dattes... des dattes... des dattes
Merveilleuseet immense palmeraie.
Rashid (Rosette) ancienne maisons otomanes merveilleusement restaurées... brique rouge, moucharabiehs et grilles ouvragées
La traversée du Nil à Rosette : bac populaire ou boat people...
Customisée !! Loin d'être une exception, cete bécane est vraiment remarquable
Rosette : nous avons préféré le bac populaire au nouveau pont sur le Nil
sujets de curiosités réciproque, les contacts sont permanents
funduk à 10 balles à Kafr El Cheik : à peine le confort d'un squat à Belleville, mais du moment qu'il y a un lit et un toit...
t'as dit fifteen ou fifty punds ?
Bon on avait un peu honte... mais on à mangé quand même... presque tout...
Port Fouad, face à Port Saïd rive droite du Nil
prendre soin de l'aïeul... pas qu'il attrape un coup de chaud Papy...
Le long du Canal de Suez : Génial ! Les bateaux à côté de nous…
Nouveau pont sur le Canal, à El Qantara. Cette route longe la méditerrannée jusqu'à Gaza
Ismaïlia : Maison de Ferdinand de Leseps.
Ismaïlia : Maison coloniale