Sabah el kheir,
Salam aleikum, bonjour,
Chronique d'une histoire annoncée.
Programme qualité, écrire ce que l'on fait, faire ce que l'on
a écrit… j'ai pas tout oublié, hein ! Comme annoncé
donc, j'ai pris la route du monastère Sainte Catherine et du djebel
Musa. C'était une réédition puisque nous avions fait
cette route jadis… et en dépit d'un bagage plus important, alourdit
de surcroît par 7 litres d'eau et un peu de nourriture, cela m'a paru
plus facile… Il est vrai que les 7 kilos de surplus compensaient ceux
que j'ai abandonnés autour de la taille…
3 heures me furent tout de même nécessaire pour me hisser au premier col à 700 m d'altitude (parti de zéro) mais ce n'est qu'une histoire de patience, (tout à gauche et roule ma poule), et puis j'ai fait cette ascension à l'ombre du canyon, avant la chaleur… Ce col franchi, j'ai beaucoup de mal à vous décrire la suite, je manque de vocabulaire. Sublime, grandiose, exceptionnel ne sont que des adjectifs communs bien fades pour transmettre mes émotions.
Dire
quelle est la couleur du Sinaï déjà est une prouesse…
les ocres alternant avec les grenats, les céladons, les violets ou
encore les noirs ou les jaunes, sans oublier des dunes immaculées,
or ou argent.
J'aurais pu aller jusqu'à Sainte Catherine (1 520m d'altitude) d'une traite, mais j'ai fait durer le plaisir, et puis un bivouac dans ce décor ça ne se refuse pas. J'ai donc flâné en route, fait des dizaines de photos, bu d'innombrables thés dans les campements bédouins et finalement posé mon barda 25 kilomètres avant le but, à 1 300m d'altitude. La nuit fut certes un peu fraîche… et même humide puisqu'un peu de rosée mouillait mon duvet au petit matin… mais quel ciel…
Je commence un peu d'ailleurs à m'y retrouver, Véga, la première
en place (après Mars) suivie de Denep et Altaïr, le Cygne, le
Dauphin, la Lyre, Cassiopée et même la Couronne Boréale,
puis tard dans la nuit arrive Orion et Betelgueuse. Quant à la voie
lactée… c'est du concentré de chez Nestlé.
Le lendemain à10h j'arrive à Ste Catherine, chez Mahmoud, -
Fox Desert Camp, 5 francs la chambre correcte -
Je négocie de suite une randonnée dans le désert…
(y zappelle çà "camel safari"…) et finalement
nous tombons d'accord sur trip de 6 jours… qui m'amènera directement
à Dahab, "on the beach" . Arthur (c'est mon vélo)
et sa remorque voyageront… sur le chameau… le Gégé
suivra à pied avec le bédouin. (Y'a un p'tit gars routard cyclo
qui a déjà fait cela…) Et tu sais combien ça coûte
? cent balles par jour… tout compris…
L'après midi, je fais une rapide grimpette au Mont Moïse (2 285m) (c'est la 3ème fois et sans doute pas la dernière), mais je redescends par les 3 000 marches, ce que je n'ai jamais essayé, bonjour les mollets… En haut du Mont Sinaï (c'est l'autre nom du Mont Moïse), il y a un peu de changement. Ils ont chassé les marchands du temple, entendez par-là que les boutiques de bédouins (thé, biscuits, pierres et fossiles), ont reflués 50m sous la chapelle et - info pour Laulau - … il y a désormais des toilettes… payantes…
Mardi 16/9, en fin de matinée, Musa charge
Artail (faut rouler très fort le R) un jeune chameau de 6 ans et nous
prenons la piste.
Musa est un bédouin de 25 ans, 45 kilos avec le chèche et la
djellaba, moins d'1m60.
J'ajouterai que j'ai hérité d'un des rares Bédouins ne
parlant quasiment pas un mot d'anglais, ce dont je m'accommoderai, le mien
étant de toute façon rudimentaire.
Le désert, j'te raconte plus, j'ai dit que je manque de vocabulaire,
mais je peux tout de même raconter la rando.
Le
matin nous prenons la piste entre 8h et 9h. Les pauses "lunch-sieste"
durent de 11h/11h30 à 16h… Le soir nous débâtons
l'animal entre 18 et 19h. Grosso modo, 5h de marche par jour entre 15 et 20
bornes… cool… c'est pas le Marathon des sables…
Cool ! Enfin relativisons, car côté terrain, c'est sable mou
dans les oueds ou les dunes et caillasses sur les sentiers des djebels. Je
suis impressionné par ce qu'un chameau est capable d'escalader…
presque autant qu'un mulet. La marche n'est pas une marche forcée,
Musa respecte sa bête, et quand Artail s'arrête brouter un buisson
d'épineux… on attend… Il est sympa Artail et comme il est
jeune, il pue encore pas trop du museau… Il est arrivé qu'il
passe la nuit à ruminer, attaché à proximité du
bivouac… alors là, c'est un poème. Essaye d'imaginer un
siphon de lavabo qui se remplit et se vide alternativement avec entre deux,
une meule à grain qui se met en route, le tout ponctué de rots
et de pets…
Durant cette semaine, ma nourriture fut celle du bédouin…
améliorée… mais ça resta très frugal.
Quand je dis améliorée, ça veut dire "ajouter"
une boîte de corned beef dans le riz ou une boîte de thon dans
les tomates-concombres. Le pain délicieux est pétri par Musa
chaque jour et cuit entre sable et cendre.
Détail : le "plan de travail" qui permet la mise en forme
de la galette n'est autre que le sac de riz qui bat le flanc de l'animal toute
la sainte journée.
La base de la nourriture du Bédouin, au petit déjeuner comme
aux autres repas, c'est le "foul" (fèves entières
ou écrasées), des pois ou des lentilles… donc je sais
maintenant ce qu'est une vie intérieure, lorsqu'on vient au désert…
Donc, déserts de sable ponctués de zones rocheuses déchiquetées,
enchâssées dans des dunes multicolores alternent avec les fonds
d'oueds en larges vallées ou en canyons étroits sans oublier
les ascensions de djebels escarpés. Un patchwork minéral qui
ferait le bonheur d'un géologue. (j'ai emmené cette année
une carte du ciel, la prochaine fois, je prends un traité de géologie…
Coté faune… nothing… rien à signaler… pas
la queue d'un scorpion ou la langue d'un serpent, deux ou trois lézards
minuscules, quelques rares oiseaux…
Et puis le 5ème jour, au détour d'un canyon, la mer… d'un
indigo soutenu bordé d'un émeraude pur qui nous explose à
la vue… nous arrivons à Ras Abu Galum… un village de bédouin…
sur la plage.
La soirée se passa chez des amis de Musa… le repas fut préparé
dans le noir complet (je sais pas comment y font…) et l'octopus à
la mode bédouine avec des pommes de terre était réellement
délicieux. Et après le repas, un des convive confectionna un
"tarpé" que même Michel Blanc dans "Marche à
l'ombre" il est pas à la hauteur… Le papier utilisé
n'était pas en feuille mais au kilomètre, comme le PQ, alors
le joint est confectionné de la longueur que l’on veux, en fonction
du nombre d'invités, sans rafistolage… Bon, mais moi, je fume
plus…
Enfin hier, quelques kilomètres de sentiers escarpés entre mer
et montagne, m'amenaient à Dahab, un paradis pour plongeurs. Mais mes
premières tâches furent douche et lessive, ma dernière
douche remontant à mon dernier mail…
Today, repos et baptême de plongée(avec bouteilles) Ensuite commencera
ma remontée vers Le Caire où, à la fin du mois, je dois
retrouver "le Claude" qui m'accompagnera dans le Delta et la Vallée
du Nil…
Biz à tous et plus… etc.
Gégé.